Le chanvre est sur tous les fronts, et notamment celui de la santé. Le chanvre est un allié vegan et super-protéiné de taille face aux malades cardiovasculaires. Mais aujourd’hui, nous allons parler de chanvre thérapeutique ! Diabolisé par le lobby pharmaceutique, il effraie souvent le grand public. Or, c’est une plante aux vertus curatives multiples.
Le chanvre dans l’histoire de la médecine
Historiquement, on retrouve le chanvre dans de nombreux traités de médecine ancestraux à travers le monde. Des textes anciens font état de son utilisation thérapeutique en Égypte ancienne, en Assyrie, en Perse, au Tibet, en Azerbaïdjan, en Grèce antique, en Palestine et dans les pays arabes.
En Chine, il est mentionné dans le Shen Nung Pen Ts’ao, un ouvrage médical en 50 volumes datant de plus de 2000 ans avant J-C, et considéré pendant plusieurs siècles après sa rédaction comme une référence en médecine chinoise. Le chanvre était employé pour traiter les douleurs d’origine rhumatismale, la goutte, les « absences mentales« , le paludisme, le béribéri, le diabète, les vers intestinaux, la fièvre…
En Inde également, on fait l’apologie du chanvre et de ses vertus « magiques » dans le 4ème livre des Véda, écrit entre 1500 et 1200 avant J-C. On y trouve mention notamment de préparations cannabiques en traitement des troubles de la vésicule biliaire, du sommeil, contre la dépression, les céphalées, l’épilepsie ou encore en aphrodisiaque, ou même contre la lèpre. Le cannabis est l’une des plantes les plus courantes en médecine ayurvédique.
On en trouvera par ailleurs en Europe. Dès le Moyen Âge, les herboristes en font un usage principalement externe, contre les abcès, tumeurs, etc. L’abbesse Hildegarde de Bingen en chantera également les louanges dans son traité sur la nature et les plantes médicinales Physica, en 1150.
Il sera adopté dans la plupart des pays européens jusque dans les années 50, divers médicaments étant élaborés à base de sirop de cannabis, avant d’être interdit définitivement. Il sera banni de la pharmacopée américaine en 1937 et chassé des pharmacies françaises en 1953, victime de discrédit jeté par son côté « récréatif », et par les lobbies des opiacés et du pétrole, qui s’accaparèrent les parts de marché ainsi vacantes.
Principes actifs
On retrouve dans le chanvre de nombreux composants médicalement intéressants, les 2 plus connus et utilisés étant le tétrahydrocannabinol (THC) et le cannabidiol (CBD). Le THC a été identifié et isolé en 1964 par Raphaël Mechoulam, un scientifique de renommée mondiale pour ses recherches sur les cannabinoïdes, comme étant le composé actif contenu dans le chanvre, c’est à dire la molécule responsable des effets psychotropes. Il partage les vertus anti-inflammatoires, analgésiques de l’aspirine, sans les effets secondaires (troubles gastriques ou rénaux). Le second, le CBD, possède la plupart des propriétés thérapeutiques du THC, sans les effets psychotropes, mais doit cependant, pour être efficace, être administré de façon quotidienne.
Ces composants sont assimilés par l’organisme par les récepteurs cannabinoïdes présents dans le corps humain. En effet, il a été mis en évidence que l’organisme produit lui-même des endocannabinoïdes (ou cannabinoïdes endogènes), jouant un grand rôle dans la régulation de l’appétit, la perception des informations sensorielles relatives à la douleur ou encore la coordination des mouvements. Ces récepteurs se trouvent principalement sur les cellules du cerveau et de la moelle épinière, mais également sur celles du cœur, de l’intestin, des poumons, des voies urinaires, de l’utérus, des testicules, des glandes internes, de la rate et des globules blancs. Ainsi, l’organisme humain est naturellement équipé pour assimiler ces composants naturels.
Il existe des dizaines de variétés différentes de chanvre, renfermant des taux de CBD et THC variables : d’où le fait que l’on trouve des variétés légales (THC < 0,2%) et d’autres non.
Aujourd’hui, l’usage thérapeutique est interdit presque partout sur la planète, alors que les laboratoires dépensent des milliards pour synthétiser les substances naturellement présentes dans cette plante. Ces cannabinoïdes de synthèse sont utilisées à part dans des traitements, annulant l’effet d’entourage des molécules existant naturellement dans le chanvre à l’état pur, créant ainsi des déséquilibres et minimisant les effets bénéfiques.
Applications
Le chanvre thérapeutique a des applications médicales variées, que ce soit dans le traitement de la maladie ou des symptômes, notamment dans les cas de cancer, glaucome, sida, hépatite C, sclérose latérale amyotrophique, sclérose en plaques, maladie de Crohn, maladie d’Alzheimer, cachexie, douleurs graves et chroniques, vomissements graves, convulsions (y compris celles caractéristiques de l’épilepsie), spasmes musculaires graves ou persistants, diabète de type 2.
Il peut être administré de différentes façons : fumé, en vaporisateur, en macérats (huile), tisane, etc. Cela dépendra du patient et de la pathologie.
Actualité et réglementation
C’est le THC, le composant psychoactif, qui fait débat dans l’exploitation du chanvre et est visé par les réglementations. Ainsi, il est légal de cultiver du chanvre contenant un taux de THC inférieur à 0,2% et uniquement pour sa graine (usage alimentaire) ou pour sa fibre (construction, textile). Les têtes et feuilles, chargées en résine, et donc utiles à la préparation de médicaments, sont légalement interdites à l’exploitation.
A ce jour, le recours au cannabis thérapeutique sous forme de médicaments est autorisé dans quelques pays, tels l’Allemagne, la Suisse, la Belgique, Israël, le Canada et certains états américains et plus récemment l’Australie où ont été votées de nouvelles lois qui ouvrent la porte à l’usage du cannabis thérapeutique pour les malades atteints de douleurs et de maladies chroniques. Certains autres pays comme le Portugal, l’Espagne, les Pays-Bas et la République Tchèque, ont adoptés une approche de dépénalisation ou de tolérance à l’égard de la détention et de l’usage du cannabis sans pour autant en autoriser la culture ou la vente.
En France, dans le sillon des États-Unis en 1937, il fut banni de la pharmacopée 1953. On ne trouve à ce jour que deux médicaments à base de cannabis qui soient autorisés : le Marinol, indiqué dans le cas de nausées associées à la chimiothérapie, stimulation de l’appétit (prescrit pour les troubles alimentaires tels que l’anorexie), glaucome (en baissant la pression intraoculaire) et troubles du comportement, de l’humeur et de l’anorexie chez les malades atteints d’Alzheimer ; et le Sativex, pour soulager les personnes atteintes de sclérose en plaques.
Ces médicaments font l’objet d’une réglementation très stricte, ils sont délivrés par des médecins hospitaliers uniquement après reçu une ATU (Autorisation Temporaire d’Utilisation) auprès de l’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des Produits de Santé). Ils restent de fait très peu accessibles aux patients.
En France, il est autorisé de commercialiser et consommer des produits contenant du CBD. Il est néanmoins strictement interdit de commercialiser et de consommer des produits contenant du THC. Cependant, en raison de la réglementation française concernant la culture du chanvre, il est interdit de cultiver le chanvre pour ses sommités florales. Le CBD commercialisé et consommé légalement en France est donc forcément cultivé et transformé hors de France.
Ces restrictions contraignent donc les malades à souffrir en silence ou à s’organiser en réseau pour s’automédiquer illégalement afin de se soulager. On ne désespère pas de voir la France rattraper son retard pour donner aux malades le moyen d’apaiser les douleurs et symptômes, voir de se guérir complètement grâce à ce remède naturel, car s’il reste encore beaucoup de chemin à parcourir, les recherches en cours sont plus qu’encourageantes ! De nombreux scientifiques se penchent sur l’effet des cannabinoïdes dans des pathologies telles qu’Alzheimer ou les addictions aux opiacés, deux problèmes de santé grandissants dans notre société et qui pourraient être endigués grâce à cette plante.
Enfin, d’importantes recherches sont actuellement en cours sur l’effet du cannabis en tant qu’agent anticancer. En effet, l’injection de cannabinoïdes dans certaines cellules cancéreuses enverrait un message chimique entraînant, selon les cas, une diminution de la taille des tumeurs, jusqu’à une auto destruction complète des cellules tumorales.
De très prometteuses découvertes sont donc à prévoir, à condition que les gouvernements fassent les bons choix pour nous permettre d’accéder aux meilleurs soins possibles.
Sources :
Le cannabis en médecine / The scientist / Le monde / Progress in Neuro-psychopharmacology & Biological psychiatrey 64 (2016) / National cancer institute / Journal of Alzheimer’s Disease.